PME, l’intelligence économique c’est ce qui fait la différence à l’export !

J’ai récemment produit avec mon confrère Sei Damayanty Manullang, de la Fondation Mitra Mandiri, Indonésie, un document de travail intitulé : « Petites et moyennes entreprises françaises et développement international » qui fait une synthèse des réflexions liées à des observations de terrain dont l’actualité nous semble peu contestable.

Ce document concerne la manière dont, semble t-il, devrait être articulé le développement international des PME. Il est basé sur une série de faits souvent ignorés qui, étalés dans le temps, forment un ensemble dont on peut extraire quelques idées forces.

Certaines de ces idées sont connues. Ainsi, si la nécessaire diminution du poids des charges sociales qui pèsent sur les PME n’est pas mise en premier, c’est qu’il apparaît que le surplus de compétitivité à en attendre ne saurait compenser la maîtrise d’autres paramètres qui découlent de ce que sont les PME dans l’économie française : 53% de la valeur ajoutée, 63% des emplois mais seulement 23% des exportations.

Sur ce dernier point vital, les exportations, on constate lorsque l’on fait une analyse rapide, par exemple, des schémas régionaux d’intelligence économique, que la part dévolue à ce sujet reste faible en comparaison avec celle concernant l’utilisation de l’information, de la veille ou de l’innovation.

Cela est dommageable car il s’avère que, pour une PME, un comportement vers l’export conduit à l’accroissement de ses compétences, à l’acquisition de technologies complémentaires et à une préparation constante tournée vers l’internationalisation.

En fait, l’exportation est traitée comme si tout « coulait de source » à partir du moment où les aspects précédents ont été traités dans les entreprises. Certes l’organisation de la collecte des informations, leur traitement, leur compréhension souvent en termes d’analyse SWOT (Strengths – Weaknesses – Opportunities –
Threats) ou AFOM (Atouts – Faiblesses – Opportunités – Menaces) est un apport indéniable pour l’entreprise. Mais au niveau de l’exportation cela est loin d’être suffisant.

Ce qui compte en effet est la prise en considération de situations nouvelles comme :
• l’arrivée sur le marché international de nouveaux compétiteurs robustes et performants, pour les grands projets,
• l’apparition de projets de petites et moyennes envergures dont la décision d’exécution n’appartient plus au gouvernement central,
• la structuration des décideurs dans les pays en développement et, entre autre, les effets de l’autonomie,
• le besoin d’une organisation de soutien pour les PME qui veulent exporter et les appuis français qui en découlent,
• l’apport de l’intelligence économique, en particulier comme vecteur de coopération.

Ce dernier point est particulièrement important. En effet, bien des PME françaises qui seraient en position d’exporter ne le font pas par manque de connaissance du terrain et par manque de compétences spécifiques. Il est donc essentiel de réaliser au plan national un partage des compétences nécessaires. Cela ne doit pas se faire d’une manière isolée, mais de façon coordonnée à grande échelle. C’est une des conditions de succès permettant d’accélérer le processus et de favoriser une mutation des idées, des comportements et ensuite des activités.

Ce partage des connaissances devrait mettre en évidence les besoins de certains pays et de certaines régions, les méthodes d’approche et de mise en place de solutions et le partage d’expérience, le tout combiné avec l’aide des Pouvoirs publics. Le plus compliqué sera de trouver sur le terrain des bons relais pour analyser les besoins, identifier les décideurs et les associer aux projets et aux solutions.

Le temps presse, la balance commerciale française accuse un déficit de plus en plus grand et si une solution peut se dégager via l’intelligence économique ou compétitive, il serait dommage de la négliger et de rester vis-à-vis de l’international dans une posture sécuritaire et défensive au lieu de se projeter vers l’extérieur de manière dynamique à la conquête de nouveaux marchés.

Source: HENRI DOU /les Echos

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