Le vrac, un argument de choix pour le commerce alimentaire.

Moins cher et plus respectueux de l’environnement, le libre-service pourrait relancer la grande distribution et sauver le commerce de proximité.

3 achetés, 1 gratuit. Une offre à laquelle il est difficile de résister, quitte à remplir ses placards de produits superflus. Ce réflexe, de plus en plus veulent s’en débarrasser. Que ce soit au nom d’une consommation raisonnable ou tout simplement pour faire des économies, les consommateurs se tournent petit à petit vers une forme de distribution réduite à son plus simple appareil : le vrac. Dans les commerces de proximité jusque dans les grandes surfaces, les distributeurs de denrées au poids s’imposent dans les rayonnages.

Auchan envisage de passer de 30 à 100 magasins équipés de rayons de libre-service premium dès 2016

Un mode de vente dans lequel Auchan fait figure de précurseur. Il y a dix ans, l’enseigne française lançait déjà son rayon de self-discount. Une diversification de l’offre indispensable selon Yann Germain, directeur de marché du concept vrac chez Auchan : « Nous n’étions plus crédibles auprès des clients qui ne veulent pas des gros lots traditionnellement proposés dans les rayons des grandes surfaces. » Entre les 13 millions de célibataires et les 2,5 millions d’étudiants en France, Auchan s’ouvre avec le vrac à des consommateurs aux besoins modérés.

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Et le succès est tel que, depuis trois ans, l’enseigne a élargi le vrac aux produits de qualité. Cela d’autant plus facilement que le système rend accessibles des articles qui ne le sont pas une fois emballés : « Nous pouvons par exemple baisser le prix des épices de 20 à 30% », affirme Yann Germain. Ce sont du coup 300 références qui sont proposées à des prix bien inférieurs à ceux des produits emballés. Sûr de son concept, le responsable du vrac chez Auchan envisage même de passer dès 2016 de 30 à 100 magasins équipés de ces rayons de libre-service premium, sur les 120 de l’enseigne en France.

Les prix du vrac sont 25 à 30% moins chers que l’emballé chez Biocoop. © Biocoop – Nicolas Leser

Même logique chez le distributeur spécialisé Biocoop, qui vient d’ouvrir dans Paris son magasin test 100% en vrac : les produits vendus en libre-service y sont 25 à 30% moins chers que les produits emballés. « Nous voulons rendre le bio plus accessible pour élargir notre clientèle et faire changer les mentalités « , explique Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop.

L’argument prix n’explique cependant pas à lui seul l’engouement actuel pour le vrac, à en croire David Sutrat, co-fondateur de la franchise d’épiceries de vrac day by day : « Nous avons observé que la motivation première de nos clients était d’abord d’acheter en quantité à la demande, avant les arguments de réduction des déchets et du prix. » Une observation confirmée par Yann Germain : « Aujourd’hui, les clients reviennent au « do it yourself » et préfèrent cuisiner par eux-mêmes. Les rayons de vrac leurs permettent de venir chercher tout ce dont ils ont besoin dans leurs recettes, dans des quantités suffisantes ». Une tendance qui pourrait même, selon lui, relancer la grande distribution : « Nous voyons arriver des clients qui étaient habitués aux épiceries fines et qui viennent chez nous grâce aux rayons de vrac. »

Autre explication au succès du vrac : la montée de l’éco-responsabilité. « Nous voyons arriver une nouvelle clientèle séduite par le geste écocitoyen, c’est-à-dire la réduction des déchets d’emballage et du gaspillage », continue Yann Germain. « Chaque mois, nous vendons par exemple 600 à 800 bouteilles de jus de fruit réutilisables dans notre magasin test de Dunkerque, ce qui n’est pas négligeable. »

« Nous voyons arriver une nouvelle clientèle séduite par le geste écocitoyen, c’est-à-dire la réduction des déchets d’emballage et du gaspillage »

Les emballages, c’est aussi l’une des marottes de day by day. « Aujourd’hui, la moitié de nos clients utilise des emballages recyclables pour emporter leurs produit », a calculé David Sutrat. 25% viennent avec leur propre contenant et le dernier quart utilise des contenants mis à la disposition par les autres clients, comme des pots de yaourt en verre nettoyés par leurs soins. « C’est une forme d’économie circulaire », observe l’entrepreneur, qui souhaite que 80% au moins de ses clients utilisent des emballages recyclables d’ici 2020.

Fondée en 2003, day by day compte sept magasins et prévoit d’en ouvrir deux  supplémentaires d’ici la fin de l’année puis 12 rien qu’au premier semestre 2016, dans Paris intra-muros et dans les grandes capitales régionales comme Lyon, Strasbourg ou Montpellier. Objectif : 100 points de vente dans l’Hexagone en 2018. Pour y parvenir, elle pourra compter sur les 100 demandes de franchise qu’elle reçoit… chaque mois.

Pour expliquer son succès, David Sutrat avance un dernier bienfait du vrac. « Nous croyons au lien social créé par le commerce de proximité. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui nos sept magasins sont tous implantés dans des centres-villes de province ou de banlieue parisienne. » Surtout, cette proximité représente un avantage concurrentiel non négligeable : « Une dame est par exemple venue récemment acheter pour 40 centimes d’euro de farine. Ce n’est pas rentable sur le coup, mais elle revient tous les jours. Le vrac est un moyen efficace pour fidéliser la clientèle. »

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