L’immersive learning : former ses salariés grâce à la réalité virtuelle.

Les casques 3D permettent d’immerger les collaborateurs dans un univers fictif dans lequel ils peuvent se tester.

Imaginez une entreprise dans laquelle les salariés se formeraient grâce à des casques 3D tout droit sortis d’un film de science-fiction. Une utopie ? Pas vraiment. Il s’agit plutôt d’immersive learning, une modalité de formation qui existe déjà dans de nombreux métiers qui vont du concessionnaire automobile à l’infirmier.

« L’immersive learning est une technique qui consiste à plonger dans un environnement virtuel qui simule notre vie de tous les jours dans un but de formation », définit William Peres, président et fondateur de Serious Factory, une société qui édite des simulateurs immersifs.

Retour immédiat

L’immersive learning permet d’ajouter une corde à l’arc de la formation. « Le présentiel et les Mooc apportent des connaissances. On ne peut pas s’en passer. L’immersive learning offre une solution complémentaire en permettant de tester ses compétences en situation réelle. L’apprenant est immergé dans un univers virtuel qui le rapproche de sa vie professionnelle. Il peut tester des solutions à l’infini, se préparer à l’imprévisible. Dans ce monde virtuel, les erreurs ne coûtent rien ».

Les casques 3D permettent aux apprenants de plonger dans un monde professionnel virtuel. © Serious factory

De plus les programmes de formation sont conçus pour obtenir un retour immédiat, ce qui permet à l’apprenant de prendre conscience de ses erreurs puis de se corriger immédiatement. En outre, les algorithmes présents dans la grande majorité des programmes permettent une infinité de configuration. L’avatar de l’apprenant est en interaction avec d’autres personnages qui comprennent ce qui est dit et qui réagissent en fonction de l’attitude et de la stratégie du joueur. La durée de vie d’un programme centré sur l’immersive learning est donc longue. Ainsi, il est possible de se former plusieurs années de suite en tombant sur des cas de figures différents.

« Les retours d’expérience des utilisateurs montrent clairement que l’aspect réaliste et ludique combiné à l’immersivité permettent d’améliorer le niveau d’engagement et donc la mémorisation », souligne William Peres. Wabiness, apporteur d’affaires, apport d’affaires.

Tous les secteurs sont concernés

Aux yeux du grand public, cette forme d’apprentissage est réservée à quelques rares secteurs de l’économie. « Il est vrai que les premières formations en immersive learning étaient limitées à quelques domaines restreints comme les chemins de fer, l’aviation ou le nucléaire. Ainsi, grâce à l’immersive learning, on peut aisément s’exercer à la manipulation d’un tableau de bord de centrale nucléaire dans le cadre de la fuite d’un réacteur. Les pilotes d’avion peuvent également apprendre à réagir en cas de turbulences », estime William Peres.

L’immersive learning convient aux formations qui touchent à l’échange avec un individu. © Serious Factory

Pourtant, nombreuses sont les compétences qui peuvent s’acquérir grâce à l’immersive learning qui convient aux formations qui touchent à l’échange avec un individu, qu’il s’agisse d’un client, d’un prospect ou d’un manager. Formations aux entretiens, à l’avant-vente, à la négociation commerciale peuvent ainsi avoir lieu grâce à l’immersive learning. « Notre entreprise a formé les vendeurs d’une grande compagnie téléphonique moyen-orientale qui ont réussi à augmenter leurs statistiques de vente. Pour cela, nous avons modélisé une boutique à 360°. Mais nous avons également conçu un showroom virtuel immersif pour les vendeurs des concessions Dacia », s’enthousiasme William Peres.

Les laboratoires Janssen ont utilisé cette technologie pour sensibiliser le personnel soignant à la schizophrénie

Les laboratoires Janssen ont utilisé cette technologie pour sensibiliser des psychiatres, des infirmiers et des aides-soignants à la schizophrénie. « On peut connaître toute la théorie relative à cette maladie, ce n’est pas suffisant pour accompagner efficacement le patient. La meilleure chose à faire est de se mettre dans la peau du malade. Et dans ce contexte, l’immersive learning peut apporter une aide précieuse », confie Coralie Beaudry, chef de produit chez Janssen. « Il suffit d’enfiler un casque 3D et l’on se plonge dans la vie d’un schizophrène qui est chez lui, prend le bus et va à la médiathèque pour rendre un DVD. L’expérience comprend des hallucinations visuelles et auditives qui caractérisent la maladie. Ce programme a rencontré un véritable succès. Deux années après son lancement, entre 1 500 et 2 000 personnes l’ont utilisé.

Démocratisation

Le futur de l’immersive learning s’annonce radieux. A l’époque des premiers programmes d’immersive learning, c’est-à-dire en 2010, de gros moyens logistiques étaient nécessaires : vastes surfaces de projection, lunettes, capteurs de positionnement… Ce qui n’était pas à la portée de toutes les bourses.

Avec la hausse de vente de casques 3D, le futur s’annonce radieux

Mais depuis deux années les choses changent avec le développement des casques 3D. « Des entreprises comme HTC, Samsung ou encore Sony proposent des modèles qui permettent de se former grâce à l’immersive learning, ce qui met ce type de formation à la portée desPME et des TPE. Il est même possible de se former sur des tablettes, même si l’immersion est moins forte », estime William Peres.

 

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