L’Allemagne peine à recruter de la main-d’œuvre hors d’Europe.

En un an, seuls 170 candidats extra-européens ont répondu à l’appel « Make it in Germany ». Un échec.

Recruter à l’étranger n’est pas si facile. Certes l’Allemagnes’est convertie peu à peu aux vertus de l’immigration pour répondre aux besoins de main-d’œuvre sur son marché du travail. Mais le pays, malgré son taux de chômage historiquement bas à 6,6 %, peine encore à attirer des candidats à l’expatriation. Le gouvernement et les employeurs multiplient les efforts. Mais les résultats ne sont pas toujours là. Parfois, le résultat est même très maigre.

Le programme «Make it in Germany», censé attirer une main-d’œuvre qualifiée étrangère en Allemagne, a échoué à rencontrer son public. Seulement 170 candidats non européens ont répondu à l’appel depuis la modification, il y a un an, des conditions d’accès au marché du travail pour les immigrés.

Berlin avait dressé une liste de 18 secteurs facilitant l’accès au pays, comme la mécanique, la chimie, la plomberie ou le soin aux personnes. Autant de secteurs où la pénurie de main-d’œuvre est particulièrement forte. Mais les travailleurs d’Asie, d’Amérique ou de Russie ne se sont pas bousculés.

Le chiffre est trompeur néanmoins. Les travailleurs étrangers européens venus s’installer en Allemagne sont beaucoup plus nombreux. Le pays compte 2,4 millions de travailleurs étrangers, soit 300.000 de plus qu’en 2011.

Barrière de la langue

Parmi eux, quelque 220.000 Polonais, 208.000 Italiens, 110.000 Grecs. L’immigration en provenance des pays de l’Union européenne les plus touchés par la crise a particulièrement progressé. Les Espagnols sont par exemple passés de 36.000 en 2011 à 48.000 en 2013.

Pour ces travailleurs européens, la liberté de circulation facilite les démarches. Certains programmes, «Job of my Life», ont même rencontré un fort succès: le système, qui permettait à des jeunes Européens d’être aidés financièrement dans leur installation en Allemagne s’ils y avaient décroché une formation, a été interrompu au printemps dernier, toutes les ressources budgétaires ayant été épuisées.

Les entreprises allemandes plaident pour qu’on facilite l’accès des étrangers au marché du travail, en reconnaissant plus facilement les diplômes étrangers. La langue reste aussi l’une des principales barrières. Si dans les secteurs très qualifiés la pratique de l’anglais est devenue courante, dans un grand nombre d’activités la maîtrise de l’allemand est indispensable pour travailler. Le patronat milite aussi pour une immigration durable: «Les entreprises qui ont investi pour faire venir des travailleurs ne veulent pas les voir partir au bout d’un an», explique un responsable patronal.

Mais l’Allemagne doit aussi améliorer son image. «Des pays comme le Canada, l’Australie ou les États-Unis ont une longue tradition d’immigration», poursuit ce responsable. «En Allemagne, ce développement est plus récent et le gouvernement, il y a quelques années, refusait le recours à l’immigration.» Le changement de mentalité est en cours. Il reste à en faire la promotion.

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Correspondant du Figaro à Berlin

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